Citations, Réflexions,
Cette fois c’est dans le documentaire « La méthode Stutz Un bonheur à construire » sur Netflix où j’ai prélevé une citation. J’y viens dans quelques instants. Mais avant tout je tenais à vous conseiller de visionner ce documentaire très touchant et instructif.
L’acteur Jonah Hill, nommé aux oscars, braque les projecteurs sur son thérapeute, psychiatre Phil Stutz et son approche unique de l’estime de soi et de la santé mentale (dépression). L’un et l’autre s’ouvrent, laissant apparaitre des failles.
On y voit le merveilleux moment d’une prise de conscience. Ces secondes suspendues où l’on distingue presque la mécanique mentale opérer. Où les rouages ouvrent de nouvelles portes, apportant un éclairage sur une situation. Ces instants magiques où le consultant perçoit les choses autrement et entrevoit de nouvelles perspectives. Ce silence si dense.
J’adore le voir dans le regard de mes consultants. J’appelle cela « la minute de vérité ».
Particularité dans ce documentaire : c’est le thérapeute qui vit ce moment de révélation, cette épiphanie. Ce qui m’amène à m’interroger sur :
En tant que consultant, quels avantages et inconvénients verriez vous à ce que votre thérapeute parle de lui-même et dévoile éventuellement ses propres failles et vulnérabilités pendant votre séance ?
Avantages ?
Du côté des avantages, le fait que votre thérapeute partage ses propres expériences personnelles pourrait contribuer à renforcer la relation thérapeutique en créant un sentiment de connexion et de compréhension mutuelle. Cela peut aider le consultant à se sentir moins seul dans ses luttes et à se sentir plus en confiance pour ouvrir davantage son propre vécu. Par ailleurs, le thérapeute pourrait utiliser ses expériences personnelles pour illustrer des concepts théoriques ou des techniques de manière plus concrète, ce qui peut rendre la thérapie plus accessible et compréhensible pour le patient.
Inconvénients ?
J’y vois des inconvénients de plusieurs ordres :
- Confusion des rôles : Le partage personnel du thérapeute peut brouiller les frontières entre les rôles du thérapeute et du consultant, créant une confusion quant aux attentes et aux limites de la relation thérapeutique. Cela peut entraîner une perte de confiance ou une perception altérée du thérapeute en tant qu’autorité et guide neutre.
- Centrage sur le thérapeute : Trop de partage personnel peut entraîner une focalisation excessive sur la vie et les expériences du thérapeute au détriment des besoins du consultant. Ce dernier peut se retrouver à consacrer une grande partie de la séance à discuter du thérapeute plutôt que de ses propres préoccupations, ce qui pourrait compromettre les progrès thérapeutiques.
- Transfert et contre-transfert : Le partage personnel du thérapeute peut influencer le transfert et le contre-transfert de manière non constructive. Le consultant pourrait projeter ses propres sentiments ou expériences sur le thérapeute, ou vice versa, ce qui peut compliquer la dynamique thérapeutique et nécessiter une gestion supplémentaire.
- Impact émotionnel sur le consultant : Si le thérapeute partage des expériences personnelles qui résonnent fortement avec celles du consultant, cela pourrait déclencher des réactions émotionnelles chez lui, qui pourraient être inappropriée.
- Dépendance émotionnelle : Trop de partage personnel peut potentiellement créer une dépendance émotionnelle chez le consultant envers son thérapeute. Si le consultant perçoit le thérapeute comme un modèle ou une figure parentale idéale en raison de ses propres révélations, cela pourrait entraver l’autonomie, la capacité du consultant à trouver des solutions par lui-même et à accepter la fin de l’accompagnement.
Bref vous l’aurez compris, je n’y suis pas tellement favorable. Je ne parle que très rarement de moi en séance et c’est avant tout si j’y vois un intérêt pour mon consultant.
Je finirais cet article en citant un passage du documentaire qui traite également de la posture du thérapeute et qui m’a fait sourire :
« Un psychiatre ne fait qu’écouter alors qu’on voudrait qu’il conseille, un ami ne fait que conseiller alors qu’on voudrait juste qu’il écoute »
Film « La méthode Stutz : Un bonheur à constuire »