C’est quoi mon problème ?

J’ai regardé le film « deux moi » un film français co-écrit et réalisé par Cédric Klapisch, sorti en 2019. J’y ai relevé une citation qui m’a semblée intéressante de la thérapeute (interprétée par Camille Cotin) à son patient (François Civil).

Elle lui disait :

« Il ne suffit pas d’avoir compris le problème pour pouvoir régler le problème Et en même temps, il est absolument nécessaire d’avoir compris le problème pour le régler »

Film « Deux moi »

Je me suis dit que dans la profession cette vision pouvait diviser.

J’ai décidé de m’amuser un peu avec ChatGPT et de lui demander de me construire un argumentaire opposé selon le point de vue de spécialistes différents.

Voilà sa réponse :

THESE

Thérapeute 1 (Psychanalyste) :

« Dans la psychanalyse, il est essentiel de comprendre en profondeur les motivations inconscientes et les schémas de pensée qui sous-tendent les comportements de nos patients. Agir sans une compréhension approfondie peut conduire à des solutions superficielles qui ne traitent pas les causes profondes des problèmes. En travaillant à travers le processus de la thérapie, nous aidons nos patients à explorer leur monde intérieur, à comprendre leurs dynamiques relationnelles et à résoudre les conflits internes. C’est seulement en comprenant pleinement ces aspects de soi-même qu’ils peuvent véritablement guérir et trouver un sens à leur vie. »

ANTITHESE

Thérapeute 2 (Thérapie cognitivo-comportementale – TCC) :

« En thérapie cognitivo-comportementale, nous accordons une grande importance à l’action et au changement comportemental. Parfois, nos patients peuvent se sentir bloqués à cause d’une rumination excessive sur leurs problèmes. Il est crucial de les encourager à agir et à expérimenter de nouveaux comportements, même s’ils ne comprennent pas entièrement la nature de leur problème. Le simple fait d’agir peut entraîner des changements positifs dans leur vie et les aider à progresser vers leurs objectifs. Nous utilisons des techniques telles que l’exposition progressive pour aider nos patients à surmonter leurs peurs et leurs obstacles, même sans une compréhension complète de leur situation. »

Deux visions, deux approches.

Et moi ?

Je vous expose à mon tour ma vision. Selon moi, il n’est pas « absolument nécessaire » de connaitre le problème.

En effet, plusieurs raisons peuvent expliquer pourquoi une personne hésite à explorer un problème en profondeur. D’abord, la complexité peut sembler intimidante, demandant des efforts considérables. Ensuite, la personne pourrait ne pas saisir pleinement l’étendue ou les conséquences du problème, suscitant une réticence à l’aborder. Enfin, elle pourrait être consciente du problème mais hésiter à le partager entièrement, craignant le jugement ou se sentant vulnérable.

En tant que thérapeute, il est important de reconnaître et de respecter les limites et les préoccupations de chaque consultant. Il est essentiel de créer un espace sûr et de cultiver une relation de confiance qui encourage le consultant à explorer ses problèmes à son propre rythme. Cela peut impliquer de travailler progressivement à la compréhension et à la résolution du problème, en tenant compte des réticences et des réserves du consultant. En fin de compte, le processus thérapeutique doit être guidé par les besoins et les préférences individuels du consultant, en lui permettant de prendre le contrôle de son propre cheminement vers le bien-être émotionnel et son objectif futur.

Je me rappelle d’un accompagnement avec Nathan, un garçon de 9 ans, qui souhaitait que l’on travaille ensemble mais hésitait à partager « son problème ». J’ai accueilli son souhait et respecté sa demande. Nous avons alors décidé de nous concentrer uniquement sur des symboles. Nous avons travaillé uniquement sur des représentations du problème sans jamais le citer, l’expliciter. Son esprit semblait parfaitement comprendre la situation et établir les connexions et liens utiles. Les changements positifs se sont manifestés là où c’était nécessaire, et sa mère m’a confirmé ultérieurement que « son problème » avait disparu.

Pour résumer, selon moi, comprendre le problème est utile pour en sortir. On perçoit bien ce qui gêne (parfois même les causes) et le consultant vise plus précisément ce vers quoi il souhaite se diriger. Mais il n’est pas impératif d’avoir une vision entière et précise du problème pour avancer.

Et vous qu’en pensez-vous ?

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